Elimination de l'Algérie: apocalypse à Charléty

De graves incidents ont éclaté mercredi autour et dans le stade Charléty, dans le 13e arrondissement de Paris, où était retransmis en direct le match Algérie/Etats-Unis. Les Etats-Unis ont gagné 1-0 à la dernière minute et se sont qualifiés pour les huitièmes de finale de la Coupe du Monde. L’Algérie est éliminée, sans avoir marqué le moindre but.

20 Minutes rapporte le témoignage du responsable d’un garage, situé juste en face du stade : « C’était l’apocalypse  : plusieurs milliers de personnes défilaient devant mon centre, la police chargeait. J’ai fait rentrer des femmes et des enfants ». « Une vingtaine de jeunes m’ont volé des pneus, ils ont cassé des vitres, au moins quatre voitures ont brûlé dans la rue », raconte le commerçant. « La voiture d’un de mes clients n’est plus utilisable : ils l’ont retournée », ajoute-t-il, sous le choc.

Le Parisien indique qu’"une vingtaine de voitures ont été renversées ou brûlées, et des vitrines brisées près du stade. Dans la rue Cacheux, qui longe le stade, une Twingo et trois scooters avaient été incendiés. Sur le boulevard Kellermann, face à l’entrée nord du stade, une Citroën Picasso était retournée sur le toit et les vitres d’un abribus et d’un garage avaient été défoncées."

D’autres incidents ont eu lieu près de la Cité universitaire, située à proximité du stade. Environ 200 à 250 jeunes ont déclenché ces violences, s’en prenant à un bus et aux forces de l’ordre avec des projectiles divers.

Ouest-France affirme même que des étudiants ont été agressés : "des supporters ont commis des actes de malveillance dans ce quartier du sud de la capitale française et s’en sont pris à des étudiants à la Cité universitaire voisine".

Un policier a qualifié les incidents de "brefs mais graves". Au final, seules 5 personnes ont été interpellées par la police.

Les incidents ont causé un arrêt de la circulation sur le RER B, qui dessert la Cité universitaire, entre Châtelet et Laplace. Interruption du trafic également sur la ligne T3 du tramway entre Porte d’Orléans et Porte d’Italie.

La mairie de Paris et la FIFA avaient ouvert le stade Charléty où sont retransmis de nombreux matchs du Mondial sur écran géant.

De fâcheux précédents

D’autres incidents avaient émaillé les précédents matchs de l’Algérie. A l’occasion, le 13 juin, de son premier match de Coupe du Monde contre la Slovénie (défaite 1-0), un drapeau français de la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) avait été brûlé et remplacé par un drapeau algérien. Cécile Duflot, maire-adjointe de Villeneuve-Saint-Georges et secrétaire nationale des Verts, avait alors fait état d’un incident "souciant", mais "dans un contexte de Coupe du Monde", "avec les emportements que cela peut susciter", appelant à ne pas faire "d’interprétations hâtives".

Pour le deuxième match de l’Algérie face à l’Angleterre, le 18 juin, de multiples incidents avaient eu lieu, rapporte Le Parisien : "A Boissise-le-Roi (Seine-et-Marne), les quatre drapeaux français du monument aux morts ont été décrochés par des vandales qui ont ensuite mis le feu à l’un des étendards. Cinq jeunes de 17 ans à 20 ans ont été placés en garde à vue. Trois sont originaires d’Afrique du Nord. (...) Au moins cinq voitures ont aussi été incendiées dans le quartier de l’Almont, à Melun. Enveloppés dans un drapeau algérien, trois jeunes de 17, 18 et 20 ans ont mis le feu dans les toilettes d’un train à Melun. Ils ont été placés en garde à vue. Des feux de véhicules ont aussi eu lieu à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Une douzaine de voitures ont été brûlées dans ce département. Six personnes ont été interpellées après des jets de projectiles."

Le Point rappelle que "le 18 novembre 2009, après la qualification de l’Algérie pour le Mondial-2010, un homme s’était hissé au balcon de la mairie de Toulouse et avait remplacé le drapeau tricolore par celui de l’Algérie."

RTL rappelle, de son côté, qu’"après la première qualification de l’Algérie au Mondial de football depuis 1986, le 18 novembre, des incidents s’étaient produits dans plusieurs grandes villes de France, dont Paris et Marseille, avec des blessés légers et près de 150 véhicules brûlés. Quelques jours plus tôt, lors du match Algérie-Egypte, le 14 novembre, des violences avaient été commises à Marseille, avec notamment des jets de canettes et de bouteilles sur les forces de l’ordre."

Sur AgoraVox TV, on apprend que, le 14 novembre, six bateaux de plaisance, atteints par un fumigène, avaient brûlé dans le Vieux-Port de Marseille, et que deux d’entre eux avaient coulé. Plusieurs commerces avaient été atteints par des projectiles et la vitrine d’un McDonald’s avait été brisée.

RTL rappelle encore que "de légers incidents s’étaient également produits à Marseille et dans d’autres villes françaises le 28 janvier après la défaite de l’Algérie contre l’Egypte (4-0) en demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations".

Le 11 octobre 2009, l’Algérie bat le Rwanda en match qualificatif pour la Coupe du Monde. Le Midi Libre et La Voix du Nord rapportent des incidents : des incendies surtout, des vitrines brisées, des vols. Un drapeau français est brûlé à Roubaix au cri de "nique la France".

Bilan de quelques mois de matchs de l’Algérie en France : environ 200 voitures endommagées (brûlées ou retournées), 6 bateaux de plaisance enflammés, 2 yachts coulés, 6 drapeaux français retirés, 3 drapeaux français brûlés, vitrines brisées, etc. De telles violences sont-elles inéluctables ?